Mini-tornade ou mini-journaliste ?
C’est un terme qui a le don d’agacer les météorologues et toute personne attachée à la rigueur scientifique : mini-tornade. Chaque fois qu’une tornade est reportée en France, ce terme pullule et se voit massivement relayé par la presse. Articles sur internet ou même journaux télévisés, il est difficile d’échapper à la mini-tornade. Le problème ? Cela ne veut strictement rien dire ! Si un tourbillon se forme à partir du nuage et qu’il atteint le sol : c’est une tornade. Si ce tourbillon ne touche pas le sol : c’est un tuba. Dans tous les cas, une mini-tornade : ça n’existe pas.
En réalité, « mini-tornade » est un terme journalistique employé depuis plusieurs décennies. Il a probablement été inventé par un journaliste atteint de complexe d’infériorité. Dans l’imaginaire collectif, les tornades, c’est aux États-Unis. En France, elles ne peuvent donc être que « mini ». Or, ce phénomène existe bel et bien dans notre pays et il est plus courant qu’on ne le pense. On recense en moyenne 20 à 30 cas de tornades en France par an.
Les dégâts des tornades ne sont pas « mini »
Outre le non-sens scientifique du terme, il y a de quoi s’étonner que des tornades aussi impressionnantes que celle observée en Mayenne dimanche puissent être associées au préfixe « mini ». Si le même phénomène avait été observé dans les grandes plaines américaines, personne n’aurait osé le qualifier ainsi. Quand bien même une tornade serait de faible intensité, elle reste une tornade. L’échelle de Fujita se charge de les classer en fonction de leur intensité, de la tornade EF0 (105-137 km/h) à la tornade EF5 (+ de 322 km/h).
Par ailleurs, il est assez irrespectueux pour ceux qui subissent les dégâts des tornades françaises de les qualifier de « mini ». Certaines de nos tornades possèdent le même potentiel destructeur que celles observées aux États-Unis. En octobre 2022, la tornade de Bihucourt dans le Pas-de-Calais avait fait des ravages. Classée EF3, celle-ci s’était accompagnée de vents compris entre 220 et 270 km/h ! Cela n’avait pourtant pas empêché de nombreux médias de parler de « mini-tornade »… Indécent ?
Lorsqu’une tornade est photographiée et/ou filmée, la nature du phénomène ne fait pas de doute. En revanche, il arrive que d’importants dégâts liés au vent soient observés localement sans que le phénomène n’ait été identifié. Il peut alors s’agir d’une tornade comme de rafales descendantes. En attendant qu’une enquête de terrain ne permette de le définir, il sera préférable de parler de « phénomène venteux » plutôt que d’utiliser la « mini-tornade ». Car en plus d’être un terme qui ne veut rien dire, c’est aussi un terme « fourre-tout »…